Communication de la plateforme ivoirienne pour le cacao durable (PICD) relative à la fixation du prix du bord champ du cacao pour la grande campagne 2023-2024
Abidjan, 13 septembre 2023 – pour publication immédiate
Dans moins d’un mois, c’est-à-dire dès le premier octobre, comme il est de coutume, les productrices et producteurs de cacao en Côte d’Ivoire connaitront le prix d’achat du cacao pour la principale campagne 2023-2024. Au moment où le mois de septembre rime avec cette attente, la plateforme ivoirienne pour le cacao durable voudrait partager, à travers cette communication, l’espérance des productrices et producteurs. Ces derniers mois, le prix du cacao sur le marché international a atteint des niveaux records de hausse depuis plus de 7 ans. Cette situation fait que les productrices et producteurs de cacao entretiennent l’espoir d’avoir un prix bord champ de cacao qui reflète la hausse observée sur le marché international. D’autant plus que le gouvernement ivoirien s’est engagé à ce que « le prix bord-champ soit fixé à 60% au moins, du prix international (prix CAF) » comme l’a réitéré le Vice-président de la République le 30 septembre 2022, à l’occasion des journées nationales du café-cacao (JNCC). La plateforme ivoirienne pour le cacao durable salue les efforts du gouvernement en vue de parvenir à un revenu décent pour les productrices et producteurs de cacao en Côte d’Ivoire. Elle voudrait tout de même attirer l’attention sur quelques points de réflexion afin d’atteindre cet objectif majeur pour la durabilité de l’économie cacaoyère, une filière vitale pour notre pays.
Rappel du prix de la compagne 2022-2023 et son impact
Lors de la campagne 2022-2023, le prix bord du cacao a été fixé à 900 FCFA. Ce prix était 75 FCFA supérieur au prix de la principale campagne précédente. Mais malgré cette augmentation, ce prix n’était pas suffisant pour améliorer significativement la situation des productrices et producteurs. En effet, comme cela a été démontré à travers plusieurs études, le coût de production du cacao est estimé à 677,211 FCFA/Kg. Si l’on déduit ce coût de production du prix bord champ fixé à 900 lors de la campagne 2022-2023, il ne reste que 222,79 FCFA comme revenu réel. Sur la base du prix bord champ de la campagne 2022-2023, le revenu d’un.e productrice ou producteur disposant en moyenne de 3ha pour un rendement moyen de 500 kg/ha est de 1 350 000 FCFA, soit 112 500 F.CFA/mois. Ce montant est bien loin du revenu vital évalué évaluer à 262 000 F.CFA/mois en 2017 par le CIRES2 . Même s’il n’y a pas d’étude similaire depuis 2017, il est certain que les coûts de production ont augmenter depuis 2017 en particulier compte tenu du contexte international et de l’inflation observée ces dernières années. Pour la Plateforme Ivoirienne pour le Cacao Durable, cette situation est de nature à mettre en péril la durabilité de la filière cacao dans la mesure où les productrices et producteurs de cacao ne sont pas en mesure de vivre de leur travail et de faire les investissements nécessaires pour un cacao durable.
Un prix minimum bord champ à 1 300 FCFA pour la principal campagne 2023-2024
En ayant à l’esprit cette situation de précarité et le risque qu’elle suppose pour l’économie ivoirienne compte tenu de la place stratégique du cacao dans notre économie, s’appuyant aussi sur les évolutions du prix sur le marché international depuis plusieurs mois, les productrices et producteurs s’attendent à un prix minimum bord de 1 300 FCFA pour la principale campagne 2023-2023. En effet, depuis le début de l’année 2023, le prix de la tonne du cacao sur le marché international n’a fait qu’augmenter, passant de 2 560 dollars en janvier à 3 660 dollars en ce mois de septembre 2023 sur le marché de New-York et de 1 994 livres à 2 990 livres sur le marché de Londres pendant la même période. Le prix minimum bord champ de 1 300 FCFA le kilo du cacao auquel s’attendent les productrices et producteurs représente 60% du prix sur le marché international. Il s’agit d’un engagement ferme du gouvernement comme l’a réitéré le Vice-président de la République le 30 septembre 2022, à l’occasion de la journée nationale du café-cacao (JNCC). Cette estimation basée sur la synthèse du prix sur le marché international depuis le début de l’année 2023 est très prudente. Elle est aussi d’autant plus réaliste qu’elle ne prend même pas en compte d’autres données qui aurait pu la faire augmenter tel que le différentiel de revenu décent (DRD) fixé à 400 dollars la tonne. Cette attente des productrices et producteurs est d’autant plus légitime qu’hier et encore plus aujourd’hui, le coût de la vie contenu d’être très élevé. Ces dernières semaines, les prix des denrées alimentaires de première nécessité comme le riz, l’huile ou encore le sucre ont encore connu des hausses de prix. Alors qu’ils ne font que survivre en ce moment, cette situation est de nature à aggraver la précarité des productrices et producteurs. En plus des denrées alimentaires, les prix des intrants et des produits de traitement des plantations pour une meilleure productivité connaissent aussi des augmentations. Pour les producteurs et productrices, ceci rend encore plus difficile les investissements pourtant nécessaires pour maintenir les parcelles et éviter d’étendre leurs superficies qui se fait au détriment de la forêt et de la biodiversité. Il serait difficilement compréhensible pour les productrices et producteurs que les autorités ne prennent pas en compte de tels facteurs pour la fixation du prix bord champ pour la campagne prochaine. D’autant plus que le gouvernement ghanéen vient d’annoncer le prix bord champ pour la campagne 2023-2024 à 1308,99 cédis soit environ 1 126 FCFA. Un prix bord champ faible en Côte d’Ivoire pourrait conduire à une fuite de la production quand on connait la proximité entre nos pays.
Du revenu vital à un revenu décent
Au-delà de la campagne 2023-2024, la plateforme ivoirienne pour le cacao durable appelle à ouvrir la discussion sur le prix bord champ fixer à 60% du prix sur le marché international. Les productrices et producteurs doivent sortir de l’état de survie à un niveau de vie digne. C’est pour cette raison, et au nom des efforts d’alignement entrepris notamment entre la Côte d’Ivoire et le Ghana, qu’il est nécessaire d’ouvrir la réflexion sur ce taux de 60% comme référence pour la fixation du prix bord champ. La plateforme demande aux autorités ivoiriennes de considérer sa recommandation qui est de fixer le prix bord champ à au moins 70% du prix sur le marché international comme cela est déjà le cas au Ghana voisin depuis plusieurs années maintenant. Cela aurait un impact certain sur le pouvoir d’achat des productrices et producteurs.
Nous sommes conscients des efforts du gouvernement ivoirien pour améliorer les conditions de vie des productrices et producteurs et de l’ensemble du monde agricole en général. Nous avons salué et soutenu le boycott notamment par le régulateur, le conseil du café-cacao, de la réunion annuelle de la fondation mondiale du cacao en octobre 2022. Nous avons salué et soutenons fortement le rapprochement des autorités ivoiriennes et ghanéennes pour mutualiser leurs efforts et agir de concert pour le bien être des productrices et producteurs des deux pays. Un rapprochement concrétisé par la création de l’Initiative Cacao Côte d’Ivoire Ghana (ICCIGH) dont l’un des objectifs est d’arriver à une harmonisation des prix bord champ du cacao dans notre sous-région de sorte à lutter contre la contrebande de cacao dont la Côte d’Ivoire est aussi une grande victime. L’alignement du taux pour la fixation du prix bord champ serait une grande avancée dans le sens de cet objectif majeur.
La plateforme ivoirienne pour le cacao durable réitère sa disponibilité à œuvrer avec le gouvernement ivoirien pour l’atteinte des objectifs commun notamment, l’élimination de la précarité des productrices et producteurs de cacao pour une filière cacao durable.
A propos de la Plateforme Ivorienne pour le Cacao Durable (PICD)
La plateforme ivoirienne pour le cacao durable est un réseau d’organisations de productrices et producteurs de cacao et d’organisations non gouvernementale à but non lucratif. Elle compte aujourd’hui 55 organisations de productrices et producteurs et 11 ONG.
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